Philippe Boucaud

Expert international spécialiste des étains du Moyen-Age à l'Art Déco

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Etains Anciens

  • L'étain est un alliage : étain, plomb, cuivre, antimoine, bismuth.

    En France :

    • étain fin : 90 à 95 % d'étain, 5 à 10 % de plomb, 1 à 2 % de cuivre, 1 à 2 % d'antimoine.

    • étain commun : 80 à 90 % d'étain, 10 à 20 % de plomb, bismuth.

    • claire étoffe : 50 à 70 % d'étain, 30 à 50 % de plomb.

  • L'étain ne peut être allié à l'argent : Impossibilité technique déjà définie par SALMON en 1788.

  • Mise en œuvre : fonte en moules de pierre (Moyen-Age), puis de bronze ou de fonte (du XVIème au XIXème siècle).



  • Moyen-Age : très peu de pièces conservées. Objets de culte, quelques plats et pichets. Objets très simples sans décor.

    Suzanne
    Ateliers lyonnais, vers 1560

    Renaissance : pièces d'apparat ("Edelzinn", littéralement "Étains Nobles") à décor fondu en relief imitant l'orfèvrerie.
    Ateliers à LYON et à MONTBELIARD (François BRIOT -vers 1560/vers 1616, bassin et aiguière de la Tempérance) et à NUREMBERG (Caspar ENDERLEIN -vers 1560/1633).
    Production sur moins d'un siècle, peu de pièces en dehors des musées.

    Langres 1738
  • XVIIème -XVIIIème siècles : pièces à nouveau très simples, des décors en relief apparaissent à la fin du XVIIème.
    Plat dit "cardinal" : introduit en France par Mazarin, appelé à l'époque "plat à la Mazarin" ou "à la Cardinal".

    Les ordonnances de Louis XIV sur la fonte de l'argenterie redonneront de l'activité : objets "à la façon d'argent" copiés sur l'orfèvrerie : aiguières, écuelles, saupoudreuses et salières... C'est l'âge d'or de l'orfèvrerie d'étain. Principaux centres : BESANÇON, BORDEAUX,LYON, PARIS, ROUEN, STRASBOURG, TOULOUSE.

    Parallèlement, production de pièces plus simples : platerie, service de l'office, matériel hospitalier, etc.

  • Pichets : récipients munis d'un couvercle destinés à mesurer le vin. Les mesures n'étant pas unifiées (la création du système métrique date de 1792), les formes étaient différentes d'une province, et même d'une ville à l'autre.

    On distingue trois types de forme principaux :

    Chartes 1751 Falaise 1778 Strasbourg 1750
    à épaulement :
    Île de France, Normandie, Champagne, Bourgogne, Languedoc, Provence, Bretagne, Anjou, Guyenne.
    balustre :
    Flandre, Lorraine, Normandie, Franche-Comté, Languedoc (Toulouse).
    tronconique :
    Alsace, Picardie, Auvergne, Lyonnais.

    La production se poursuit jusqu'au début du XIXème siècle, suivant la mode et les habitudes régionales : l'écuelle individuelle est remplacée par la soupière, l'aiguière par la fontaine-lavabo,...

    Fin de production médiocre, sans décor.


Art Nouveau et Art Déco

  • XIXème - XXème siècles : au milieu du XIXème siècle se produit un renouveau avec Jules BRATEAU. Objets d'abord inspirés de la Renaissance, ensuite créations de style typiquement "Art Nouveau".

    Jules Brateau - Les Sciences et les Arts 1887/1889
    Jules Brateau - Les Sciences et les Arts 1887/1889

    De nombreux autres artistes travailleront l'étain autour de 1900 : DESBOIS, KANN, LARCHE, MOREAU, PERRON, PLÉ. Les objets fondus au sable sont quelquefois repris en ciselure.
    En Allemagne : KAYSERZINN à partir de 1894 (Jugendstil).

    KAYSERZINN n° 4358 1900/1902 Jules DESBOISVers 1900
    KAYSERZINN n° 4358
    1900/1902
    Jules DESBOIS
    Vers 1900

    • Recherches de formes travaillées en dinanderie. Production souvent originale. De grands artistes ont travaillé l'étain : DAURAT, DESPRES, DUNAND.

      PLASAIT, vers 1930/1940
      PLASAIT, vers 1930/1940



    • Poinçons :
      en usage dès le Moyen-Age, d'abord pour attester de la qualité, ensuite également un impôt.

    • Édits de Louis XIV :

      Lyon 1674 Paris 1691 Paris 1691
      LYON 1674
      mal appliqué,supprimé
      en 1676.
      PARIS 1691
      l'étain commun sera marqué
      d'un "C couronné".
      PARIS 1691
      l'étain fin sera marquéd'un
      "F couronné".

      Les provinces récemment annexées étaient dispensées de l'impôt :
      ALSACE, ARTOIS, FLANDRE, FRANCHE-COMTE, d'où poinçons atypiques.

      Mathurin MAUCOMBLE
      Mathurin MAUCOMBLE
      À PARIS
      BEL
      BEL
      À CAMBRAI
      Jean-Jacques ISENHEIM
      Jean-Jacques ISENHEIM
      À STRASBOURG
      Poinçons au marteau :
      emblème des potiers d'étaindu Moyen-Age à la fin du XVIIIème siècle. Avec les initiales du maître ; la troisième initiale est celle de la ville.
      Poinçons à la rose :
      depuis le XVIème siècle,indique la qualité fine (métal en provenance d'Angleterre, marqué de la rose des Tudor). Dans toute l'Europe, et dans le Nord de la France jusqu'à la fin du XIXème.
      Poinçons à l'ange à la balance :
      symbole de la conformité de l'alliage avec les règlements Est de la France, Allemagne et pays nordiques.